Aurélie Sita a un handicap invisible. Une maladie de Crohn, qui attaque les fonctions digestives, qui l’a terrassée à 19 ans. Elle gère aujourd’hui un food truck, et mène une vie pimentée.
Du haut de ses 36 ans, Aurélie Sita est une battante, et une rescapée.
Elle a 19 ans quand la catastrophe s’abat sur elle : alors qu’elle passe le bac, elle est terrassée par la maladie de Crohn.
Le stress est un déclencheur clairement identifié de cette maladie qui attaque les fonctions digestives.
Aurélie, trop émue par l’examen scolaire, le paiera au prix fort.
Des années de cauchemar
La maladie la prive de tout contrôle de son appareil digestif, elle passe sa vie à repérer, et utiliser les toilettes alentour.De traitement en traitement plus ou moins efficaces, elle finit par accepter l’ablation totale de son colon.
Au réveil, se souvient Aurélie, c’est l’horreur. Un morceau de son intestin est devenu un organe externe, prolongé par une poche recevant ses déjections.
Il faut apprendre à vivre avec ce handicap "invisible", l’assumer, le dissimuler aux regards, et pourtant en contrôler le fonctionnement.
Mais avec les années, Aurélie surmonte le traumatisme.
Elle apprend à gérer le dispositif, mécaniquement et psychologiquement, et surtout à le domestiquer.
En réalisant que cette poche lui permet de mener une existence quasiment normale, elle reprend le sport, retrouve la mer, elle reprend sa vie.
Et elle reprend ses rêves, aussi.
Elle remet du goût dans sa vie
Originaire par son père de la Réunion, elle achète une camionnette-cuisine, et y mitonne désormais des plats de son île, que la clientèle adopte instantanément.
L’auto-entrepreneuse vend ses barquettes sur quatre sites autour de Rennes, et le confinement ne l’a même pas découragée : elle livre toujours, mais sur commande.
Son food-truck est déjà une réussite mais Aurélie ne s’arrête pas là : elle regarde désormais du côté d’un ancien bar-tabac dans le centre-bourg de Guignen. Elle s’y verrait bien en restauratrice …
Le regard de Hadda:"Elle met de l’amour dans ce food truck, alors qu’elle-même a du mal à digérer, je trouve ça extra. Je retiens de ce portait, c’est qu’on voit que c’est elle qui décide, qu’elle ne se laissera pas faire par sa maladie. Elle remet du goût dans sa vie, elle l’a épicé autrement, et elle donne tout ça aux autres."
Ce jeudi, Hadda Guerchouche participera à notre débat organisé en visio : « handicap, ont-ils la tête de l’emploi ?» réunissant employeur, personne en situation de handicap et l’Agefiph.